Exposition- Espérance pour la réunification de la Corée
Vernissage 15 Juin à partir de 19h
Exposition du 15-24 Juin
Ouverture 15h -19h
Axel Braun
Benjamin Bichard
Marc Uj Chan
Gabriel Feracci
Mihai Grecu
Romaric Hardy
Jaeha Lee
Shinobu Mikami
Youkyeong Oh
Bohyung Seo
Isabelle Vicherat
Hsinli Wang
Jiyeun Yang
Mengzhi Zheng
RohwaJeong
Commissaire d’exposition Hongsun Min
http://dmz1andor2.blogspot.fr
m.hongsun@gmail.com
Benjamin Bichard
Marc Uj Chan
Gabriel Feracci
Mihai Grecu
Romaric Hardy
Jaeha Lee
Shinobu Mikami
Youkyeong Oh
Bohyung Seo
Isabelle Vicherat
Hsinli Wang
Jiyeun Yang
Mengzhi Zheng
RohwaJeong
Commissaire d’exposition Hongsun Min
http://dmz1andor2.blogspot.fr
m.hongsun@gmail.com
En Corée du Sud, il n’y a pas d’ambassade de Corée du Nord et, en Corée du Nord, il n’y a pas non plus d’ambassade de Corée du Sud. Entre Coréens du Sud et du Nord, même si, par hasard, on se rencontre dans la rue, il faut s’éviter. 68 ans ont déjà passés depuis la séparation, mais Coréens du Nord et du Sud ont la même origine, les mêmes ancêtres et appartiennent à la même ethnie depuis environ cinq mille ans. Nation divisée, familles éclatées, grand frère et petit frère qui se sont tirés dessus, père et fils qui se sont séparés après avoir pris des positions politiques différentes…
Je me souviens d’avoir entendu plusieurs fois parler de la Corée à la radio en 2007. Je comprenais mal ce que l’on disait mais j’étais très surprise car c’était très nouveau pour moi : On ne parle jamais de la Corée du Sud d’habitude à la radio et d’ailleurs c’était sur la Corée du Nord. Ils s’intéressent plus à la Corée du Nord. Parfois, apprenant que je suis Coréenne, des Français me demandent si je viens du Nord ou du Sud. « Ils sont méchants, au Nord ? Vous n’avez pas peur ? La Corée du Sud n’est pas en danger ? » Je pense que non mais, tout de même, cela me fait téléphoner à mes parents. Le gouvernement ne veut pas qu’on soit trop informé.
Je n’ai jamais pensé à la Corée du Nord comme à un pays qui serait étranger. Je ne connaissais rien de la Corée du Nord quand j’étais en Corée du Sud, je ne m’y étais même pas intéressée. Je pensais que le Nord, c’était comme une région de Corée où il était impossible d’aller pour l’instant. Maintenant, je réside en France depuis 9 ans, je suis plus intéressée, je m’informe et j’en parle, car je vois mon pays plus objectivement. Je trouve que c’est un cas à la fois spécial et universel. C’est comme l’histoire d’un couple séparé mais qui ne pourrait pas se quitter. On peut en effet rendre assez proche de nous cette triste histoire en la traitant comme l’histoire d’un couple, marié depuis très longtemps et séparé aussi de longue date, mais pas depuis assez longtemps pour parvenir à tourner la page.
Où en sommes-nous? Peut-être, les deux Corées sont-elles allées trop loin pour pouvoir revenir? À l’époque, les grandes puissances (Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne) disaient : « Le moment venu, la Corée deviendra libre et indépendante ». Maintenant, on dit : « Un jour la Corée sera réunifiée ». Mais ce moment peut-il venir ? Si oui, quand ?
La Corée du Sud se désintéresse apparemment de plus en plus de la réunification, ou en tout cas se montre de moins en moins active. Je crois qu’on pense à la réunification, mais juste comme à un idéal et que l’on n’est pas pressé d’essayer vraiment. A vrai dire, on s’est aperçu que ce n’était pas un problème si facile à traiter, alors on préfère le léguer aux générations futures. On tente de fuir, comme on peut, ses responsabilités. Le temps passe et ceux qui ont souffert le plus directement de la séparation disparaissent. Souffrira-t-on encore de cette séparation, oubliera-t-on cette absurdité et cette injustice, ou bien faudra-t-il attendre qu’un danger menaçant à la fois les deux Corée les réunissent enfin ? De même, deux «Ex» ne sont pas indifférents aux nouvelles relations de l’autre… Aucun des deux membres du couple, coincé dans son amour-propre et sa propre fierté, un peu idiot, n’a le courage de faire le premier pas pour une réunion, même s’elle apparaît pourtant comme une solution non seulement raisonnable mais même souhaitable. Mais chacun des deux pays fait tout pour se convaincre et convaincre les autres, jusqu’à quasiment y parvenir, qu’il a fait le maximum et que c’est l’autre qui est définitivement incurable.
Je me souviens d’avoir entendu plusieurs fois parler de la Corée à la radio en 2007. Je comprenais mal ce que l’on disait mais j’étais très surprise car c’était très nouveau pour moi : On ne parle jamais de la Corée du Sud d’habitude à la radio et d’ailleurs c’était sur la Corée du Nord. Ils s’intéressent plus à la Corée du Nord. Parfois, apprenant que je suis Coréenne, des Français me demandent si je viens du Nord ou du Sud. « Ils sont méchants, au Nord ? Vous n’avez pas peur ? La Corée du Sud n’est pas en danger ? » Je pense que non mais, tout de même, cela me fait téléphoner à mes parents. Le gouvernement ne veut pas qu’on soit trop informé.
Je n’ai jamais pensé à la Corée du Nord comme à un pays qui serait étranger. Je ne connaissais rien de la Corée du Nord quand j’étais en Corée du Sud, je ne m’y étais même pas intéressée. Je pensais que le Nord, c’était comme une région de Corée où il était impossible d’aller pour l’instant. Maintenant, je réside en France depuis 9 ans, je suis plus intéressée, je m’informe et j’en parle, car je vois mon pays plus objectivement. Je trouve que c’est un cas à la fois spécial et universel. C’est comme l’histoire d’un couple séparé mais qui ne pourrait pas se quitter. On peut en effet rendre assez proche de nous cette triste histoire en la traitant comme l’histoire d’un couple, marié depuis très longtemps et séparé aussi de longue date, mais pas depuis assez longtemps pour parvenir à tourner la page.
Où en sommes-nous? Peut-être, les deux Corées sont-elles allées trop loin pour pouvoir revenir? À l’époque, les grandes puissances (Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne) disaient : « Le moment venu, la Corée deviendra libre et indépendante ». Maintenant, on dit : « Un jour la Corée sera réunifiée ». Mais ce moment peut-il venir ? Si oui, quand ?
La Corée du Sud se désintéresse apparemment de plus en plus de la réunification, ou en tout cas se montre de moins en moins active. Je crois qu’on pense à la réunification, mais juste comme à un idéal et que l’on n’est pas pressé d’essayer vraiment. A vrai dire, on s’est aperçu que ce n’était pas un problème si facile à traiter, alors on préfère le léguer aux générations futures. On tente de fuir, comme on peut, ses responsabilités. Le temps passe et ceux qui ont souffert le plus directement de la séparation disparaissent. Souffrira-t-on encore de cette séparation, oubliera-t-on cette absurdité et cette injustice, ou bien faudra-t-il attendre qu’un danger menaçant à la fois les deux Corée les réunissent enfin ? De même, deux «Ex» ne sont pas indifférents aux nouvelles relations de l’autre… Aucun des deux membres du couple, coincé dans son amour-propre et sa propre fierté, un peu idiot, n’a le courage de faire le premier pas pour une réunion, même s’elle apparaît pourtant comme une solution non seulement raisonnable mais même souhaitable. Mais chacun des deux pays fait tout pour se convaincre et convaincre les autres, jusqu’à quasiment y parvenir, qu’il a fait le maximum et que c’est l’autre qui est définitivement incurable.
On pourrait dire que le problème est celui d’un couple : on n’arrive pas à savoir exactement si la Corée du Sud a trompé la Corée du Nord avec les U.S.A ni à connaître les relations exactes qu’a eues la Corée du Nord avec l’U.R.S.S et la Chine. Y a-t-il eu trahison des valeurs de la Corée ? Si oui, par qui et avec qui ? Est-on prêt à pardonner à l’autre s’il reconnaît sa « faute » ? Mais « l’aveu » ne devrait-il pas être simultané, au risque sinon de rester unilatéral…? Tout paraît si compliqué… De plus, des enfants sont nés depuis le divorce et souhaiteraient se connaître de chaque côté de la frontière : ils prétendent qu’ils sont, malgré tout, demi-frères et demi-sœurs, puisque la Corée est une, et qu’ils ont donc un parent en commun…
Le problème est donc aussi complexe que douloureux : sont-ils demi-frères et demi-sœurs ? Oui, s’il y a une seule Corée. Non s’il y en a deux. Et bien sûr, ils veulent une part d’héritage…
Pourtant, le temps passe, et la question se pose : est-ce que ce sera possible ? Les deux Corées peuvent-elles encore renouer leur union ou bien peuvent-elles espérer améliorer leurs liaisons avec d’autres partenaires ? Sont-elles encore assez attrayantes pour cela ? Face à la mondialisation qui menace, elles savent qu’elles ne pourront pas rester longtemps isolées… Alors, elles se souviennent de leur lune de miel : celle-ci a duré plusieurs siècles, qu’est-ce que cela représente, comparé à une période de 68 ans ?
15 artistes traitent ce thème « L’Ex ». Il y a des performances, des installations, de la vidéo, des photographies, de la sculpture, et des dessins. Ce thème de la séparation/réunion intéresse les artistes participants (dont 1 Allemand, 1 Chinoise, 5 Coréens, 4 Françaises, 1 Japonaise, 1 Roumain, 2 Taiwanaises ). Le but de l’exposition est de faire réfléchir à l’absurdité de certaines séparations sentimentales et aux difficultés, surtout psychologiques, d’une réunion, même souhaitée. La Corée en est un exemple, mais elle fait penser aux ruptures sentimentales souvent suivies de retrouvailles. Pourquoi, et surtout comment, se retrouve-t-on ensemble de nouveau après une longue séparation? La naissance de la DMZ, la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées, incarne un immense problème politique, mais celui qui s’y intéresse un peu ne peut pas rester longtemps indifférent, car ses aspects sont universels.
Peut être que, si des artistes parviennent à figurer cette problématique de la séparation/réunion au niveau le plus personnel et le plus général, cela pourra contribuer à une meilleure compréhension du problème de la séparation/réunion? Cette réunion semble être la solution la plus raisonnable mais aussi la plus désirable ; ce qui peut aussi être le cas dans beaucoup de ruptures sentimentales.
Si je réfléchis à la vie en même temps qu’à mon pays, je vois les choses sous une lumière plus crue. Cela peut aider à mieux voir. J’organise cette exposition en espérant ainsi contribuer, sans attendre ce moment-là, à ce que, en ouvrant enfin grand les yeux, nous cessions de « voir double » et que nous puissions contempler, puis réaliser, une seule et, si possible, belle Corée.
Min, Hongsun (Commissaire d’exposition)